L’esprit de ricochet

Le lundi 10 avril 2019 je recevais un email, comme  tous les bloggeurs abonnés du monde, annonçant la fermeture prévue pour des blogs abonnés du Monde pour le 5. Juin. « « Chère abonnée, cher abonné, Vous recevez cet e-mail parce que vous avez ouvert en tant qu’abonné un blog hébergé sur le site du Monde. Ce service prendra fin le 5 juin 2019. Cette fermeture est liée aux évolutions techniques de notre site Internet. A compter du 5 juin, votre blog ne sera plus accessible, et ses contenus, y compris les photos et textes, seront supprimés. Vous disposez de deux mois pour sauvegarder vos contenus et nos équipes vous accompagneront dans cette démarche. Vous recevrez dans les prochains jours un e-mail expliquant de façon détaillée la procédure à suivre pour sauvegarder l’ensemble de vos contenus. Nous vous remercions pour votre fidélité, L’équipe abonnement du Monde »»

Créé à l’origine par Michel Billé, Christian Gallopin et moi même, nous fûmes rejoins par un collectif en expansion; l’aventure du blog « l’âge, la vie » continuera avec deux autres supports:

-le site de l’association EHPAD’côté: 

https://wordpress.com/view/ehpaddecote.wordpress.com

-un blog hébergé par Médiapart: 

https://blogs.mediapart.fr/jose-polard-0/blog

A bientôt, donc

José Polard

Pourquoi pas des « points vieillesse » pour les bénévoles ?

  1. Je fais cette proposition de comptabiliser les temps de bénévolat des citoyens auprès d’associations, de fondations, et organisations connues et reconnues par l’Etat en attribuant des points vieillesse, utilisables si besoin pour améliorer les conditions d’un long temps de vieillissement, chez soi ou en établissement.

De plus cela valoriserait les fonctions de bénévolat qui permettent de conserver, développer et faire évoluer leur savoir être et leur savoir-faire.

  1. Concrètement, on pourrait imaginer la mise en œuvre de cette idée ainsi. Il ne s’agirait pas d’une rémunération du travail des bénévoles mais d’une sorte de « rente » supplémentaire pour assurer les financements dont auraient besoin les plus âgés et les plus démunis.

Une ouverture à des droits de fin de vie pour ceux qui ont donné leur temps bénévolement, à gérer par la sécu, les mutuelles, les caisses de retraite. Mais mon rôle de citoyen est de proposer comme je l’ai fait au cours du grand débat national. Aux politiques de cogiter sur les modalités de mise en place.

3.Depuis 1999, je me suis construit une « carrière bis » de bénévole retraité en menant un travail de réflexion et d’actions sur un projet de retraite et de long vieillissement dans une société mondialisée où nous sommes toujours plus nombreux et âgés. Je milite au sein d’une dizaine d’associations et un pionnier avec quelques-uns pour le développement du long vieillissement comme situation la plus urgente dans notre monde actuel. Les professionnels de la gérontologie ayant sur cette question une perspective trop souvent axée sur plus d’accompagnement…

  1. Je dis souvent lors des échanges et pas simplement par provocation que de plus en plus nous aurons environ quarante années à vivre après 60 ans, ce qui interpelle très souvent…

Non pas que je sois certain de vivre ces 40 ans supplémentaires mais penser les choses ainsi nous permettra de penser le futur comme un temps fécond pour de nouveaux projets.

Pierre Caro

Veiller sur et non surveiller

Je ne sais pas si beaucoup d’élèves de terminale, actuellement, ont lu « Surveiller et punir ». J’espère qu’ils sont nombreux. Michel Foucault interpelle encore aujourd’hui, surtout quand j’entends parfois, dans nos unités dites « sécurisées », des gens dirent : « je suis en prison ».

Il est toujours vrai que les relations entre hôpital, école, armée et prison restent complexes, surtout en gériatrie, quand la psychiatrie s’en mêle… Toutefois, quand se perdent mots et raison et que les objets sont renvoyés à leurs inerties, – les mots et les choses… cela me rappelle aussi quelques lectures !- les vieux nous enseignent la présence de la parole, la vérité du fameux logos.

J’avais essayé de mettre en forme ces idées dans « Sur l’autre rive de la vieillesse » (Erès 2017).

Mais l’accompagnement du grand âge nous amène aussi à envisager autrement les relations parfois conflictuelles entre les humains : protéger, soigner, veiller sur, éduquer, aménager. Depuis Thomas More, nous sommes autorisés à oser les utopies, alors j’en propose une nouvelle, presque directement issue de l’expérience de la vie en gériatrie. Et si, dans tous lieux et strates de la société, on faisait ce que l’on fait dans ces « communautés de soins et d’accueil » que peuvent être nos maisons de retraite. Bannir absolument toute forme de violence institutionnalisée et légitimée qu’est la punition. Après tout, les vieux aussi peuvent exercer les uns sur les autres des violences ou, « syndrome frontal » aidant, se livrer à des gestes que l’on qualifierait en d’autres lieux et époques de libidineux, voire même d’agressions sexuelles, ou encore considérer comme à soi ce qui ne l’est pas, et commettre ce que l’on appelait « vol » ailleurs ou autrefois.

Transposer à toute la société le fonctionnement des institutions gériatriques – ou, dans la même idée, des institutions pédiatriques ou pour personnes handicapées- c’est dépasser le système pénal et n’envisager que des ajustements non violents entre les hommes.   A l’heure où l’on songe sérieusement à installer des caméras de vidéo surveillance jusqu’à l’intime des chambres, où l’on pense davantage juge et châtiment que médiation et soin, où l’on admet sans sourciller que tout écart à une norme doit être « recadré », autrement dit puni, je me suis dit : « Michel Foucault, reviens, ils sont devenus fous ! »

Il en est sorti, chez l’Harmattan, un essai politiquement incorrect : « Quand surveiller, c’est punir. Vers un au-delà de la justice pénale » où je rêve d’une société de « veillance-sur » plutôt que de « surveillance ». L’aide-soignante y deviendrait le modèle et la prophétesse d’une communauté d’hommes et de femmes où toute violence ne sera plus que problème à résoudre, et non plus mal à châtier. On y verra discuter ensemble Nietzsche et Freud, explorateurs des zones envahies des meutes de chiens sauvages que sont nos psychismes, avec Lévinas et Buber, admirateurs du visage dans son épiphanie et la richesse des rencontres. Sans peur.

Les vieux ont encore à dire sur la justice, même quand la mémoire s’en va…

 

Dominique Rivière

Nous n’avons jamais autant communiqué, nous ne nous sommes jamais aussi peu parlé

Un premier billet d’humeur, d’autres moins thymiques seront à venir..

Je n’ai pas écouté Jupiter président, juste une phrase saisit au hasard des conversations journalistiques ennuyeuses et convenues.La première observation quant à la conférence de presse postintervention auto-cogruente, est qu’en majorité la parole a été donnée à la presse parisienne..2 questions pour la presse étrangère et je ne parle pas de la presse régionale.

Un monde nouveau se dessine à nouveau. Mais pire encore.; La déférence onctueuse des journalistes interrogeant m’a laissé pantois, nous sommes à des années lumières du Washington-post! Pour l’exemple; » Comment allez vous Monsieur le président, avez vous souffert, avez vous changé, vous représenterez vous en … » Fermez le ban!

Alors me demanderez vous, ou pas, pourquoi ce préliminaire sur un site aussi pertinent sur les problèmes du vieillissement , de l’existence de l’autre quel que soit son âge et sa condition psychique? Tout simplement, qu’il est plus facile de sortir de l’ENA que de l’ordinaire!

Nous n’avons jamais autant communiqué et nous nous ne sommes jamais aussi peu parlé…Nous sommes dans une ére aphasique de notre société, perdus et égarés, nos pensées ne sont plus reliés à des gestes de solidarité, de bienveillance, nous ne reconnaissons plus les valeurs qui nous permettraient de devenir ensemble..

Ne reconnaissez vous pas à ce stade certains symptômes de la soi disant maladie d’Alzheimer?!

L’objet remplace la pensée et le spirituel, le matérialisme est devenu quasiment religieux, qui n’a pas son dernier portable « high tech »d autres que sais je.Pour preuve , les robots que l’on installe dans les EHPAD, afin que les vieux puissent ne pas ressentir la solitude! Nous nous dirigeons vers le plus mauvais des mondes , si nous n’y sommes pas déjà.

C’est un profond changement de pensée qui nous est nécessaire , aucun objet , ni d’autres dieux célestes, ne nous y aideront.
De cet embrouillamini communicationnel permanent , pas de projets , aucune perspective, aucun lien , j’ai le sentiment , parfois de partager ce que peuvent ressentir ces personnes que j’accompagne au quotidien qui souffrent de « démence », perte de l’esprit , il me semble…

Amédée Pierre Lachal

PS Dernier ouvrage paru: »Maladie d’Alzheimer, de la mystification médicale à l’indifférenciation sociale » préface de Louis Ploton éd.les auteurs libres